Lettre littéraire, amicale et spirituelle du philosophe Jean Daujat, à son ami Michel de Saint-Pierre.

«Je crois que je ne m’étais pas trompé en vous disant que vous êtes poète. «La Joie» est une très belle oeuvre – et d’un vrai poète. Je parle bien entendu au point de vu purement littéraire et artistique, car par ailleurs l’inspiration en est franchement païenne, ce qui fait que je ne pourrais l’accueillir dans «Orientations» [revue mensuelle fondée en 1933 et éditée jusqu’en 1939] […] votre riche nature ardente et bouillonnante se laisse prendre à ce jeu […]». Daujat pense que Saint-Pierre est grisé par Paris et explique ne plus aimer Pétrone.

A propos de Jean de La Varende : «Votre ‘La Varende’ sera encore le bienvenu si je l’ai en mai pour le n° de juin». Il a hâte de retrouver son ami et conclut : «Je souhaite que pour ne pas gaspiller vos richesses intérieures et vous mieux épanouir vous organisiez un peu votre vie et y ménagiez la place si nécessaire du recueillement et du silence. Le silence surtout peuplé de Dieu est le soleil qui mûrit les trésors du coeur et de l’esprit […]».